Oenotourisme dans le Cher (18)
Les AOC viticoles du département du Cher (18) sont au nombre de 5. Elles permettent d'élaborer toutes les couleurs de vin tranquille. Il y a les AOC incontournables, dont la réputation dépasse largement les frontières de l'Hexagone, et celles qui montent en notoriété. Les connaissez-vous ? J'ai eu l'occasion de visiter à plusieurs reprises ce beau département, qui offre bien plus que le vin aux voyageurs amateurs de patrimoines bâti, gastronomique et œnologique. Un coin de Loire parfait pour passer de longs week-ends alliant visites de jardins, châteaux et autres monuments historiques, et oenotourisme avec visites et dégustations chez les vignerons ou dans les maisons des vins locales.
AOC Sancerre et Menetou-Salon

Sancerre est sans aucun doute l'appellation star et phare de la région. Demandez à un étranger amateur de vin s'il connaît cette AOC, la réponse sera indubitablement positive. Et pour cause, 60% de la production sancerroise est aujourd'hui exportée. Sur plus de 3 000 hectares, cette AOC produit essentiellement des vins blancs à base de Sauvignon Blanc, mais la production de vin rouge se développe, avec des cuvées issues du Pinot Noir qui, lorsqu’elles sont élevées en barriques, égalent parfois leurs voisines bourguignonnes. Les vins rosés, élaborés avec ce même cépage, représente seulement un petit pourcentage de la production. Les terroirs de silex et les terres blanches (marnes riches en huîtres fossilisées) permettent de produire des vins à l'acidité élevée, souvent très minéraux. Les caillottes (pierres calcaires) donnent quant à elles des vins moins structurés, plus ronds. Une grande diversité de vins vous attend donc sur cette AOC, que vous pourrez découvrir à la Maison des Vins situé dans le village de Sancerre. N'oubliez pas de goûter les vins blancs du cru avec le fameux crottin de Chavignol, fromage de chèvre d'AOC produit dans le village situé de l'autre coté de la vallée, en face de la colline de Sancerre (en photo dans le bandeau de cette page web).
Pourrait-on qualifier Menetou-Salon de "petite sœur de Sancerre" ? Cette AOC dont la réputation va croissant n'a en fait rien à envier à sa voisine. On trouve sur l'AOC Menetou-Salon les même types de sols que dans le Chablisien et dans l'Aube champenoise : les fameuses marnes kimméridigiennes permettent de produire des vins minéraux avec de belles acidités. Les 3 couleurs de vins sont produites par l'AOC Menetou-Salon, avec du Sauvignon Blanc pour les blancs et du Pinot Noir pour les rouges et rosés. Si vous passez par le village de Menetou-Salon au moment du déjeuner ou du dîner, allez vous restaurer "C'heu l'Zib" : cette auberge, tenue par la même famille depuis plusieurs générations, est restée dans son jus. On y sert de copieux plats de mets régionaux, assortis de vins de Menetou-Salon présentés sur une carte longue comme le bras. Une étape dont vous vous souviendrez, pour sûr !
AOC Reuilly et Quincy

Reuilly est la seule AOC du département qui produit les 3 couleurs du vin. Les vignes sont plantées sur 6 communes, à la fois dans le Cher et dans l'Indre, pour une surface d'environ 300 hectares. Les vins blancs sont élaborés avec du Sauvignon Blanc, les rouges avec du Pinot Noir. Et le Pinot Gris fait également partie des cépages autorisés, pour la production de vins rosés secs. Envie de goûter un Reuilly rosé ? Essayez la cuvée "Les Chatillons" du domaine de Reuilly (anciennement Denis Jamain), que je vous conseille de faire déguster à l'aveugle : dans les verres, sa robe laisse penser plutôt penser à un vin blanc aux reflets rosés ou orangés. C'est bluffant ! Pour les vins rouges, Baptiste Pointereau, du domaine de la Pagerie, produit des vins très concentrés et fruités avec une gamme qui va du vin léger et facile à boire (Les Terres de Silice, à boire en apéritif, avec des fromages ou des grillages en été) aux cuvées de terroir plus concentrées et plus structurées (Les Belles Terres). Le Reuilly rouge de Luc Tabordet est quant à lui un vin souple et frais aux arômes extrêmement fruités, qui déroute même les amateurs de Pinot Noir. J'ai fait goûter cette cuvée dans des verres noirs à l'occasion d'un événement festif, les convives se sont longuement interrogé sur la couleur du vin qu'ils avaient dans leurs verres !
Quant à Quincy, AOC d'un peu moins de 350 ha qui s'étend sur 2 communes, elle produit uniquement des vins blancs secs à base de Sauvignon Blanc. Elle fut la première AOC viticole créée dans le Val de Loire, en 1936. Si vous ne deviez en goûter qu'un, je vous recommande la cuvée "Les grandes vignes de Villavin" du domaine Mardon & Tabordet : le vin est élevé en jarres, ce qui lui apporte une belle tension (acidité) mais aussi du gras et de la rondeur ainsi qu'une belle concentration d'arômes fruités et minéraux. J'ai fait goûter le millésime 2021 lors d'une initiation à la dégustation au printemps 2025, tous les participants ont beaucoup apprécié.
AOC Chateaumeillant
Comme Reuilly, cette AOC est située à cheval sur les départements du Cher et de l'Indre. 70 hectares permettent de produire des vins rouges et rosés élaborés avec du Gamay Noir à jus blanc (cépage majoritaire pour les vins rouges), du Pinot Noir et moins de 5 hectares de Pinot Gris pour les rosés. Les assemblages sont obligatoires. Cette AOC méconnue, de part la petite surface cultivée, est aujourd'hui recherchée par les amateurs de vins rares. Je vous conseille de déguster les vins du domaine Lecomte, initialement situé sur l'AOC Quincy mais qui exploite 3 hectares de vignes sur l'AOC Chateaumeillant. Son Châteaumeillant 2019 avait agréablement surpris les membres d'un club œnologique auquel je l'avais fait goûté à l'aveugle en 2023. Et si vous êtes de passage dans le village de Chateaumeillant, le restaurant "La Goutte Noire" vous permettra de goûter le cru du coin avec des produits du terroir travaillés simplement et élégamment présentés.
Les sites à visiter dans le Cher
Bourges, sa cathédrale, son parcours lumières et ses marais

Bourges est une ville parfaite pour un séjour d'un week-end : elle n'est ni trop grande ni trop petite, ce qui permet de découvrir en deux jours ses monuments classés du centre ville et ses marais en périphérie.
Parmi les monuments remarquables de Bourges, il y a la cathédrale Saint Étienne, qui est inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1992. Ses proportions, à l'extérieur comme à l'intérieur, sont impressionnantes, et ses portes majestueuses sont ornées de nombreuses et superbes sculptures. L'office de tourisme, situé juste à côté, propose des visites guidées à pied de la ville, de la cathédrale (intérieur et extérieur) et aussi une visite consacrée aux vitraux. Les plus vieux d'entre eux sont remplis de détails qui racontent de petites histoires que les non initié.e.s auraient du mal à déchiffrer seul.e.s. Dans tous les cas, si vous visitez Bourges par une journée de forte chaleur comme cela a été mon cas, ce moment historique sera alors un refuge très apprécié.
Le soir venu, les Nuits Lumière permettent de découvrir la ville de façon insolite. C'est à Bourges qu'a été créé le tout premier parcours scénographique de France, afin de mettre en valeur le centre ville grâce à des lumières projetés sur les principaux monuments de la ville. Ces illuminations, accompagnées de bandes sonores, permettent d'appréhender certains aspects de l'histoire de ces monuments. Vous apprécierez sans aucun doute l'hôtel de ville et le palais Jacques Cœur différemment après avoir cheminé dans les rues de la ville, guidés par des lampadaires aux lumières bleues qui vous emmèneront de monument en monument. Il règne alors une atmosphère particulière, quasi-mystique, dans les rues pavées de la ville berrichonne.
Enfin, ne manquez pas les marais de Bourges, à quelques encablures du centre ville ! Cet espace naturel incroyable est constitué de canaux et d’ilots verdoyants qui ne sont pour la plupart accessibles qu'en barque. Un chemin de randonnée permet néanmoins de capter l'atmosphère paisible des lieux. On se gare près de l'une des entrées du site, et on chemine tranquillement en admirant la végétation et en écoutant les oiseaux chanter. Des cafés et restaurants permettent de se restaurer si vous souhaitez passer plusieurs heures dans les marais. Un site vraiment unique et ressourçant.
Vous souhaitez manger à Bourges ? Je vous recommande le restaurant Les Petits Plats du Bourbon, notamment pour son cadre : il est situé dans une ancienne église ! Les plats sont concoctés à base de produits locaux et de saison et la carte des vins vous permettra de goûter des cuvées de la région mais aussi des vins d'autres régions françaises.
Les jardins du prieuré d'Orsan et les jardins du château d'Ainay-le-Vieil

Amateurs de jardins, de belles demeures, de sites religieux et de châteaux, voici trois lieux incontournables du Cher.
Le prieuré d'Orsan est situé à Maisonnais, dans le sud du département, à environ 55 minutes en voiture de Bourges. Il a été fondé au 12e siècle et dépendait de l'abbaye de Fontevraud (49). Des religieuses y ont vécu jusqu'à la Révolution. Les jardins, labellisés "Jardins remarquables", ont été recréés en 1994 et ils sont absolument splendides. On déambule entre différents espaces végétalisés : carrés potagers, verger, cloître de charmilles, roseraie, espaces fleuris... Et il y a même de la vigne ! Pas étonnant pour un lieu habité autrefois par des religieux, qui consommaient quotidiennement du vin, à table et lors des messes.
Le château d'Ainay-le-Vieil, qui est propriété de la même famille depuis le 15e siècle et qui a fait l'objet d'une restauration en 2023, combine les architectures du Moyen-Âge, du gothique flamboyant et de la Renaissance. L'intérieur se visite, avec un guide. On a par contre tout le loisir de flâner seul.e dans les jardins, où l'eau est omniprésente, au niveau des douves du château et sous forme de canaux et de miroirs d'eau. Une roseraie de roses anciennes fait face à deux magnifiques pavillons Renaissance. A mon humble avis, les chartreuses représentent le clou de la visite. Ce sont des jardins clos de murs, communiquant entre eux au moyen d'arcades et qui ont chacun une thématique : le jardin bouquetier, le verger sculpté, le jardin de méditation, le cloître des simples et les parterres de broderies. Chaque chartreuse est un petit monde en soi, où il fait bon s'attarder, humer le parfum des fleurs, s'asseoir pour contempler le paysage formé par la végétation. J'ai visité ces jardins alors que la météo était un peu maussade mais la beauté des lieux n'en était absolument pas amoindrie.
L'abbaye de Noirlac, à Bruères-Allichamps, près de Saint Amand-Montrond, fut fondée en 1136. Vendue comme bien national pendant la Révolution, elle abrita une usine de porcelaine au 19e siècle,
avant de devenir propriété du département du Cher en 1909. Elle fut transformée en orphelinat puis en camp pour des réfugiés espagnols, avant d'être restaurée entre 1950 et 1980. Ces
différentes occupations ont permis de faire de Noirlac l'une des abbayes cisterciennes les mieux préservées de France. J'aime particulièrement les cloîtres, et celui de Noirlac est effectivement
bien conservé, avec son puits, sa salle capitulaire... Une programmation artistique, et notamment musicale, puisque l'église abbatiale offre une acoustique idéale, permet de continuer à faire
vivre les lieux. S'il vous reste du temps après la visite, allez vous balader dans le bocage environnant et poussez jusqu'aux rives ombragées du Cher, rivière qui donne son nom au département
auquel cet article est dédié !
Écrire commentaire